Policiers et gendarmes… La suite

Pour terminer notre périple, nous avons parcouru 200 km entre Lompoul et chez nous.
Sur la route, nous nous sommes faits arrêter 3 fois dont une au milieu d’un rond-point dakarois surchargé alors que nous étions sur la « file » de gauche.
A chaque fois, aucune vérification de papier. Une fois la voiture stoppée, l’agent des forces de l’ordre m’a dit que je pouvais redémarrer.
Est-ce grâce à mon visage innocent ?
Nous n’avons la réponse.

Policiers et biquettes

Lors de nos périples routiers, nous avons croisé principalement des animaux en liberté et des policiers ; tous les deux ayant des comportements parfois surprenants.

Partis du lac Rose de bon matin, nous nous faisons arrêter par un gendarme. Après les salutations d’usage, il me demande mon permis, la carte grise du véhicule ainsi que l’assurance. Après vérification, il nous souhaite bonne route. Des policiers et gendarmes jalonnent régulièrement la route. Rien d’exceptionnel sachant que les élections présidentielles ont lieu dans 4 jours. 

C’est au tour de Lucas de se faire contrôler par un policier. Après avec mis un certain temps à vérifier nos papiers, il énonce très rapidement : « clignotantdroitclignotantgauchefeudroitfeugauche2trianglesdesignalisationextincteur ». Nous comprenons que le contrôle va durer. Nous sortons les bagages, montrons les 2 triangles ainsi que l’extincteur. Malheureusement ce dernier est périmé. Comme la dernière fois, il veut garder le permis de Lucas pour que nous allions payer l’amende. Pour la 2ème fois, nous proposons de payer sur place et nous repartons. Clairement, ce policier voulait trouver un truc sur notre voiture. À chaque vision d’un membre des forces de l’ordre, je me demande à quelles sauces nous allions être mangés. Finalement la fin du voyage se passe sans encombre. 

2 jours plus tard, après un passage à la station service pour regonfler les pneus, nous partons à Lompoul. Cette fois ci je me fais surprendre par une biquettes. Plantée au milieu de la route, elle ne bouge pas malgré le klaxon et je dois freiner pour ne pas la percuter. C’est la première de la journée mais pas la dernière. Elles semblent s’être données le mot d’ordre suivant : « toutes sur la route ». Avec un peu d’expérience, je klaxonne dès qu’une chèvre est en vue et elle semble comprendre qu’il ne faut pas s’aventurer sur l’asphalte.

Nouvel arrêt pour un contrôle routier, on repart rapidement. Alors que je roule à 80 km/h, j’entends des coups de sifflet. Mon instinct me dit que je dois m’arrêter. Gagné ! Un policier apparaît de la gauche de la route. Personne dans la voiture ne l’avait vu. Je suis un peu stressée mais tout semble en ordre. Ensuite il me dit quelque chose en wolof. Ne comprenant pas qu’il me souhaite bonne route avec bonne humeur (je pensais qu’il voulait trouver un problème sur la voiture), je reste sans voix. Il faut toute la perspicacité de Lucas pour lui dire merci en wolof.

Demain, nous reprenons la route…. peut être de nouvelles surprises en vue.

En route pour Gorée

Hi, it’s Brenda, Céline and Lucas’s American pen friend mais on m’appelle souvent aussi Liselotte. (Explication à suivre…)

La balade dans les rues des mamelles était déjà dépaysante pour une néophyte comme moi. Pour dire à quel point : mes 3 covoyageurs m’ont regardée bizarrement quand je me suis extasiée sur un cocotier en disant : c’est la première fois que j’en vois un ! « C’est la première fois que », un des leitmotiv de la semaine.

Après avoir vanté mes articles préférés de ce blog et comme nos hôtes nous ont gentiment épargné la visite administrative de la police des étrangers, il nous restait l’expérience taxi…

Cette expérience permet de relativiser les notions de : 

  • contrôle technique ( carrosserie rouillée et défoncée, fumée noirâtre, bruits divers et variés…)
  • sécurité routière (ceinture ? Quelle ceinture ?)
  • Code de la route ( bon ça, ce n’est pas propre au taxi. Mais pour les visiteurs à venir Céline maîtrise la circulation dakaroise avec beaucoup de sang froid)
  • d’itinéraire direct (ben oui faut éviter les bouchons et on y arrive très bien sans gps !)

 Finalement nous arrivons au port et nous embarquons pour l’île de Gorée au large de Dakar. C’est d’ailleurs sur le quai que Kenza, marchande sur l’île, se met à me parler anglais en me demandant si je suis américaine (visiblement je corresponds bien au cliché car elle ne sera pas là seule… mais d’où peut bien venir ce cliché ?)

Après une courte traversée, nous découvrons (ou redécouvrons pour Céline et Lucas) Gorée: une île loin de l’atmosphère polluée de Dakar et surtout hors du temps : avec des bateaux sur la plage, un palais du gouverneur, des maisons avec balcons en bois c’est un vrai décor de saga historique du XVIIIeme ou même d’un épisode de Pirates des Caraïbes… (2 de mes marottes). 

Bon il faut faire abstraction des stands de vendeurs et des marchands ambulants qui vendent des castagnettes qui me rappellent les tac-tac (pour les gens nés après les années 80, il faudra essayer ce magnifique jouet de notre enfance !!!). Sinon c’est vraiment agréable de déambuler dans ces rues.

Mais Gorée ce n’est pas qu’un décor de cinéma, c’est aussi la maison des esclaves, lieu de la mémoire de la traite des esclaves, avec ces gravures connues de livres d’histoire mais aussi des personnages moins connus comme les signares , ces belles et riches métisses qui ont fait fortune grâce à leurs talents commerciaux et leurs relations haut placées chez les riches colons qui se sont succédés sur l’ile.

Après une séance photo avec nos avatars, c’est l’heure de repartir et Céline nous a gardé le meilleur pour le retour : elle choisit le pire taxi qu’elle trouve sur le port pour parfaire notre expérience dans ce domaine. Le choix s’avère judicieux : le chauffeur est rapidement obligé de s’arrêter pour essayer de refixer son rétroviseur qu’il va finir par tenir par la fenêtre ouverte. S’ajoute à cela une tenace odeur de caoutchouc brûlé qui ne nous empêche pas de rejoindre notre camp de base aux Mamelles.

It was Brenda en direct de Dakar.

Rencontre MUN

Pour terminer cette première journée dakaroise, nous rejoignons Kattalin, son mari Morgan et leurs deux enfants au restaurant « la mer à table » au bord de l’océan.

Kattalin est une collègue que j’ai rencontrée à Madrid lors d’une conférence MUN. Ayant échangé nos numéros, nous avons gardé contact depuis un an ; nous nous sommes racontées nos installations respectives à Abidjan et à Dakar pour finalement boire un verre lors de leurs vacances au Sénégal.

La soirée s’est déroulée dans la bonne humeur autour d’anecdotes vécues dans nos pays d’accueil. 

Nous allons revoir rapidement Morgan qui va venir à Dakar pour le boulot et recroiser Kattalin lors d’une conférence MUN à travers le monde ou à Abidjan.

Une pensée pour Philippe et Florence qui m’ont entraînée dans cette expérience extraordinaire que sont les conférences MUN.

Nouvelles frontières

Nos amies Liselotte et Sylvie sont arrivées dimanche. A l’aéroport nous nous installons pour les attendre. Points de croix, carnet à dessins, bien calés dans nos fauteuils, prêts à subir une attente de magnitude 6. L’écran annonçant les arrivées n’annonce pas grand chose. Une dizaines de noms de ville, des heures prévues et une colonne noire. Un seul vol semble avoir un horaire d’atterrissage. Heureusement le message contradictoire de Lise nous permet de réaliser que le panneau ne donne l’information que pour les vols qui ne sont pas à l’heure

« les filles j’espère que vous êtes prêtes pour l’aventure parce que ça commence maintenant »

  • les élections ont lieu dimanche donc on ne pourra pas changer de région le week end.
  • on vient de lire un article qui prévoit des coupures d’électricité sur Dakar pendant la semaine
  • on fait sauter la journée au parc des oiseaux parce qu’on n’a pas pu contacter les responsables du gite bien situé

Des problèmes d’envergure assez modérée, mais juste de quoi rester en alerte. En contre partie notre bonne étoile nous accompagne sur la route. D’abord nous croisons, pour la première fois à tous, des chiens qui marchent bizarre du bassin parce qu’ils se sont fait percutés mais qui sont en fait des singes. Pas vraiment le temps de les observer car nous sommes sur la route mais tout de même une bonne surprise. Ensuite nous arrivons juste après la chute d’un bus tata coloré mais bien crashé sur l’autoroute. L’accident venant de se produire, nous ne subissons qu’un ralentissement qui ne manquera probablement pas de se transformer en embouteillage interminable pour les automobiliste moins chanceux passant plus tard.

Le lendemain nous laissons nos deux invités dormir tandis que nous allons engager un pingpong administratif de haut vol à la police des étrangers pour obtenir ma carte de résident. Les 7 stères de dossiers ont été « rangées ». Et en voyant cet alignement de paperasse haut comme deux hommes et large comme quatre, je ne peux m’empêcher d’imaginer que c’est à cela que ressemble une base de données vu de l’intérieur d’un disque dur. Sauf qu’ici aucun bras articulé, ou non, ne viendra répondre automatiquement à une requête. Cette matinée mériterait un article à elle seule. Mais dans les grandes lignes il faut savoir que arriver tôt permet d’avoir l’assistance du supérieur et ainsi de limiter la quantité de papier qu’il fallait ajouter « au cas où parce que je suis pas sur que ça se passe comme ça ». Il faut noter que tous les taxis ne sont pas au courant qu’il y a un deuxième samu dans la ville et qu’il est exactement à côté de la caisse de dépôt et consignation. Que cette caisse de dépôt est rébus-ifiée à l’entrée car on y a déposé des caisses. Et que l’état des sanitaires d’un bâtiment n’est absolument pas corrélé avec son apparence extérieure.

Bref j’ai le petit papier et un jour j’aurai le récepissé. Et une légende urbaine prétend que l’on devrait obtenir une carte de résident avec, mais apparemment personne n’a vécu assez longtemps pour l’obtenir et la montrer.

Inutile de dire que cette demi-journée de séquestration de nos deux hôtes n’était pas prévue. Aussi nous sortons l’après-midi et montons jusqu’au phare.

Les lecteurs les plus assidus savent que l’on a déjà testé la balade. Ajouter à cela la simplicité du trajet. Et nous arrivons sans soucis au bout de l’unique chemin. Bien goudronné et tout à fait accessible il n’est tout de même pas très fréquenté. Quelques sportifs courageux essayent de fausser nos statistiques en nous croisant une fois en montant et une fois en descendant. Et le monde animal n’est pas encore complètement exclu de l’anthropocène. Nous croisons un reptile qui selon le point de vue ressemble à un gigantesque crocodilien bavant et sifflant sa soif de chair humaine ou à un pacifique lacertidé qui ne diffère de ceux de nos contrées que par la forme triangulaire de sa tête. Nous apercevons au vol des amarantes, un calao, des tourterelles du Cap et des busards.

Après avoir été délestés de quelques francs cfa nous suivons la visite guidée jusqu’en haut de l’édifice. Là trône une machine d’un autre âge. Le temps ne semble pas avoir vraiment fait son œuvre sur cette mécanique d’un autre temps dont les plus anciennes générations ne connaissent pas les secrets… une tour d’ordinateur avec un lecteur de disquettes…

Un étage au dessus l’ampoule du phare engoncée dans un écrin de verre et de cuivre. Après quelques photos nous pouvons redescendre et nous apprêter pour notre sortie du soir.




L’aigle de la route

Comme chaque semaine, nous partons en courses à Auchan. Comme chaque semaine ou presque, je prends un sens interdit pour rentrer chez nous. Il faut dire que les panneaux de signalisation sont si rares à Dakar qu’il nous a fallu un mois pour voir celui dont on parle.

Cette fois-ci,  un piéton me fait attention de la main. Je lui demande pourquoi …. sa réponse à travers la vitre : un policier !

Trop tard… le policier me fait signe de m’arrêter. Mon cœur fait un bond. Il me dit que je suis en sens interdit. Étant piètre menteuse, j’invente le fait que je n’ai pas vu le panneau. Moi même ne crois pas à ce que je dis.

« Votre permis ». Évidemment je lui donne en me demandant comment je vais être mangée.

Il part avec celui-ci vers son scooter. Pas un bruit dans la voiture. On attend.

Soudain une autre voiture passe en sens interdit. Enfin ! D’habitude tout le monde prend ce sens interdit. Il doit y avoir des signes que je ne sais pas encore décrypter.

Le policier la siffle. La voiture s’arrête un peu plus loin. Le policier a toujours mon permis. Je ne le quitte pas des yeux.

Il revient un papier à la main en me disant « je vous retire le permis ! ». Stupeur… « vous devez passer au commissariat pour payer l’amende et récupérer le sésame ».

Mon esprit dit : « non, non, non. Je vais y passer des heures et la probabilité qu’il soit perdu est non faible ». Putain de sens interdit.

Soudain je lui dit : «  et si je paie tout de suite ? »

« C’est 6000 et je vous rends le permis »

Ni une, ni deux, Lucas sort 6000 et je récupère mon permis.

Avec le recul, on a payé un bakchich. Pour certains, on aurait pu négocier. Même après quelques années au Sénégal, je crois que dans ce cas là, je ferai profil bas.

Conclusion :

24 ans de conduite en France, deux amendes pour excès de vitesse (52 au lieu de 50)

6 mois à Dakar, je me fais chopper en sens interdit.