Il s’est avéré que le feu arrière droit de notre magnifique bolide était hors d’état. Et comme il est important d’être en règles … si … ici aussi. Nous sommes passés par Monsieur Ba, pour aller le faire changer (le phare). Une petite danse de véhicules sur le parking samedi matin, échanges de papiers aller-retour et voila Monsieur Ba qui revient penaud le feu arrière changé mais sans les papiers.
Et, oui toi aussi tu te projettes déjà dans les méandres de l’administration, ses bâtiments austères, ses agents apathiques. En quête de papiers ou de procédures inexistantes pour reconstituer les documents. Heureusement Monsieur Ba est partant pour nous aider et nous faciliter les choses. Mais c’est tout de même bien fâcheux. Et c’était samedi.
Nous voila mercredi déjà. Je descends d’un pas assuré, bien après 10h afin de me rendre à l’assurance et récupérer un duplicata du papillon d’assurance, ce serait déjà ça. Lorsque je suis intercepté par notre futé gardien. Qui n’a pas manqué de remarquer la ronde de Céline autour de notre bâtiment samedi dernier, et n’a pas manqué de faire la connexion avec des informations glanées aux alentours. Ce-disant:
« ta femme elle a perdu son permis ? »
« heu non, c’étaient les papiers de voiture, mais oui »
« ha alors ils ont retrouvé! » C’est à ce moment que mon chance-o-mètre a fait un bond de 500 unités.
Génial me dis-je. Il m’emmène auprès du gardien du bâtiment d’à côté. Planqué entre un groupe électrogène et une cahute trop étroite, j’avoue n’avoir jamais vraiment remarqué son existence. Entre deux bouchées de sandwich il appelle le gérant ou manager du barber shop situé à deux pas. Celui-ci me donne alors un numéro de téléphone qu’il me dit d’appeler parce que la personne en question est en possession des papiers de la voiture. Je tente immédiatement le coup. Mais un message froid automatique et intransigeant m’informe que « le numéro que vous demandez n’est pas encore disponible » . Suite à cela mon téléphone décide que c’est trop de travail et finit sa batterie avec la même avidité que le gardien son sandwich. Ainsi je suis dans tous les cas contraint d’attendre un peu plus longtemps.
Si on était dans un film j’aurais fait un fondu enchainé là.
Je réitère donc l’appel ultérieurement et finis au bout de quatre fois par entrer en contact avec une personne vivante. Malheureusement contact ne veux pas dire communication. Un peu de vent dans le combiné, et un fort accent de son coté bloque l’aller-retour d’information. Je raccroche sans même être capable de dire si il m’entendait, si il me comprenait ou quoi que ce soit. J’enchaine donc sur un sms précisant en clair que « vous avez mes papiers de voiture ». Je lui laisse un peu de temps et réitère mon appel. Cette fois c’est une voix féminine qui répond. Et non Sherlock ce n’est pas sa fille qui s’occupe de ses affaires, mais une passagère, étrangère à l’enquête, qui fera traductrice de fortune. Fortune dont on peut effectivement parler car si cette passagère ne maitrisait pas le français mais uniquement le wolof il y aurait un ou deux paragraphes de plus à écrire dans cet article.
Bon an mal an, elle me dit que oui, il a les papiers, me confirme qu’il peut venir les poser chez nous, mais elle me dit qu’il doit d’abord la poser à « gfsjklgdf ». Il y a encore du vent et je ne connais pas tous les quartiers de dakar par coeur et l’emplacement m’importe assez peu en fait. Tout ce qui est important c’est qu’il demande le prix de la course à savoir 5000 francs. Pour ceux qui ne sont pas au courant du cours du taxi c’est relativement énorme, mais c’est toujours que 7 euros cinquante et donc bien moins que la quantité de teinture pour cheveux blancs qu’il aurait fallu acheter si j’avais essayé de négocier par tradussagère interposée.
Et j’aurais aussi fait un fondu enchainé là.
Mon téléphone repu, il est apte à recevoir l’appel du taxi lorsque celui-ci arrive. Je prépare les 5kilos de francs et descend. Voila le taxi, sans autre forme de procès il me demande les cinq mille. Méfiant tout de même je lui demande de me montrer les papiers. Il insiste mais je lui dit que si ça se trouve c’est pas les miens. Il comprend le coup et me retourne le compliment en me demandant le numéro de plaque. On récolte toujours ce que l’on sème et je ne connais pas du tout notre plaque d’immatriculation par cœur. Donc je suis bon pour un aller-retour d’escaliers pour aller chercher le contrat d’assurance. Je redescends et effectue la transaction en lui montrant bien la feuille.
Nous voila donc de nouveau en règle et avec une voiture prête à aller défier l’asphalte.